L’histoire fascinante du papier à rouler

Savez-vous que le papier à rouler est une invention espagnole ? que les soldats de Napoléon ont drastiquement marqué son histoire ? qu’un moine catholique en a fortement influencé le format ? et que bien d’autre péripéties ont été nécessaires à la naissance de ces petits carnets de papier que vous avez sans doute sur votre présentoir. Voici, en quelques lignes, l’histoire de cet accessoire si courant et pourtant si mal connu.

 

* Où est né le papier à rouler ?

* La première marque de feuilles à rouler

 

 

Où est né le papier à rouler ?

C'est dans la région de Xàtiva et d'Alcoy, dans la Communauté autonome de Valence, en Espagne, qu'ont été fabriqués les premiers papiers européens en 1154. Les Espagnols avaient alors acquis ce savoir-faire des musulmans qui, eux-mêmes, l'avaient appris des Chinois. Ces premiers papiers étaient surtout faits de chanvre, mais ils pouvaient aussi être fabriqués à base d'autres fibres comme celles de coton, de lin ou bien d'autres encore. Du linge de lit, des chiffons, de vieux vêtements pouvaient ainsi être recyclés en papier. Ce matériau avait auparavant servi de monnaie en Chine et, sans surprise, l'un des premiers usages qui lui est connu en Europe est celui-là, signe de la valeur que revêtait alors ce produit de luxe.

 

Bien plus tard, au XVIe siècle, les explorateurs espagnols ramenèrent du Nouveau Monde une plante inconnue en Europe et qui allait y connaitre un succès sans pareil, le tabac. Produit extrêmement cher, le tabac était d'abord réservé à une élite. Seuls les aristocrates avaient, en effet, la richesse nécessaire à la consommation d'énormes cigares roulés dans des feuilles de tabac.

Une fois fumés, ils jetaient leurs mégots au sol où les mendiants et indigents les ramassaient pour aussitôt les défaire et en rouler les restes dans de petites feuilles de journal, habitude qui s'étendit à toute la classe populaire à mesure que s'y diffusa le tabac. Le papier journal contenant du plomb et du cadmium et l'encre sans le moindre doute tout un tas d'autres saletés, ces premières feuilles à rouler devaient dégager une désagréable fumée verte et produire des étincelles lorsqu'on les fumait.

Mais il en fallait plus pour décourager cette classe populaire habituée à la misère et voyant dans le tabac un moyen de s'extirper temporairement de sa condition et de s'évader mentalement. Le tabac poursuivit donc sa conquête du Vieux Continent et arriva bientôt à Alcoy. Les fumeurs de ce village ressentirent rapidement le besoin d'une alternative au papier journal, un papier qui serait spécifiquement destiné à fumer du tabac émietté ou en poudre. Ils se lancèrent donc dans la production d'un papier blanc de combustion rapide dont ils soulignèrent les qualités d'hygiène pour en assurer la promotion. Il s'agissait alors de grandes feuilles (in-folio) d'un papier particulièrement fin que les fumeurs découpaient selon leurs goûts et nécessités. Ce papier né dans un obscur village du Sud de l'Espagne allait bien vite conquérir le monde entier.

 

La première marque de feuilles à rouler

Les premiers papiers à rouler étaient donc vendus sous la forme de grandes feuilles que les fumeurs coupaient et déchiraient à leur gré. C'est ainsi que s'est progressivement imposé un format standard parfois appelé « format espagnol » qui correspond au Medium, lequel est plus grand que le Regular d'un quart de pouce.

C'est l'entreprise Pay-Pay, établie à Alcoy qui, la première, commercialisa du papier à rouler qu'elle exporta rapidement en dehors de l'Espagne, notamment vers l'Amérique Latine où elle l'échangeait directement contre du tabac.

 

Au début du XIXe siècle, l'usage du tabac se répandit fortement à travers l'Europe. C'est au brassage de populations provoqué par les campagnes napoléoniennes qu'on doit cette diffusion. Ayant avancé en Espagne où ils découvrirent le tabac, les grognards emportèrent avec eux l'amour de cette plante à travers toute l'Europe après leur déroute dans la Péninsule Ibérique. Traversant l'Europe jusqu'en Russie, ils firent connaitre à tout le Vieux Continent la joie de fumer ces feuilles en provenance du Nouveau Monde.

Alors que Napoléon vivait ses dernières heures à la tête du Premier Empire, en 1815, un moine domincain du village de Xàtiva, proche d'Alcoy, réalisa que les papiers à rouler seraient bien plus faciles d'usage s'ils étaient prédécoupés et protégés dans un petit carnet. C'est donc le père Jaime Villanueva Estingo qui est le père des carnets de feuilles à rouler, petit objet à l'histoire bien chargée qui est encore utilisé de nos jours dans sa forme d'origine.

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